Je te vois marchant dans la vague
portée par ta lumière
l’écume (assourdissante) te prenant par la main
l’horizon qui pourrait bien
retenir le train des heures
a mal comme moi
le doigt
sur l’interrupteur de l’orage
Je viens de voir dans l’arc électrique
soumise à la tension du monde
la mer comme une folle
envoyer ses larmes
contre les digues
dans le miroir de l’eau
les mouettes et les marins
embrassent le reflet du vent
Le soleil tient sa goutte de sang
à l’exact lever de nos têtes
et tu avances dans la vague
comme si tu ne devais
jamais mourir
en tout cas pas comme ça
pas fracassée par la nuit
contre les blockhaus du sommeil
Pas aussi vivante
dans le courage de tes yeux
pas aussi belle
dans le rire de tes chevilles
et ton sourire
au fond des dunes
pas aussi proche
de livrer tes secrets
Le monde est un poncif
contre sa destruction
pourtant nous n’étions pas
oiseaux de mauvais augure
mais plutôt caravelles
lancées dans les courants d’air
porteurs d’espoir
nous accumulons informations
banques de données datawarehouses
et méthodes de calcul
Nos algorithmes pleurent
comme les vielles femmes veillent un mort
la clé du monde est au café d’en face
(putain, Francis, y-a-plus de café !)
Swot une stratégie entre
menaces et opportunités
la mort en tant que menace
l’amour comme opportunité
Nous épuisons nos forces
et pleurons nos faiblesses
quand je te vois
signant ta vie
à l’encre bleue des rêves
ne voulant rien raturer
ni rajouter
au beau prénom de ton corps
ayant pris soin de toutes les lampes blessées
des rouges-gorges de l’hiver
de ceux qui dorment sur les trottoirs
des princes du pognon
S’étant agenouillée parfois
jamais par peur
et pour partager la faim et l’ombre
avec ceux qui ne croient pas
mais pratiquent un peu
ce qu’on appelle le sentiment de Dieu
ayant porté ta contribution au paysage
à la création collective des villes et des campagnes
ayant plus d’un carrefour à ton actif
où les chemins attendent de s’envoler
Je te vois toujours seule dans la mer
hssant le pavillon de ton amour
tes lèvres salées menacent le mensonge du monde
ta force tranquille
comme celle de la colombe des poèmes anciens
encore les satellites au dessus
scrutent et rapportent tes faits et gestes
tous les missiles pointés sur toi
j’écris pour toi
le même poème depuis l’origine
j’écris dans la cavalcade de la vie
Les étés brûlent en nos cœurs malheureux
des bannières
des étoffes froissées de liberté
des chants qui auraient pu être joyeux
et faire du bien aux territoires de l’existence
les étés voient nos veines comme des fils dénudés
les paroles pendues au bout des fils
la radio crépitant de l’intérieur des pick-up
les étés voient nos peines
alignéees sur les murs
et nos joies qui attendent
Je te vois
portée dans le grand silence
des cathédrales
avec une foule dont on ne devine
que les lèvres bouger
on croit entendre au loin le fleuve
qui coule depuis ton enfance
sur les bords de ta vie
un jeune homme écrit sur ton mur
les mots qu’il te faudrait pour vivre
à jamais
Dans le monde, il y un grand combat
taureau debout regardant
droit dans les yeux le soleil
avant de s’effondrer dans son ombre
emportant avec lui dans sa nuit
le mystère de la lumière
et la poussière des clameurs
taureau toujours debout dans la lumière
toujours debout
Tu lui donnes ta force
l’exact midi de la justice
le partage du clair et du sombre
la différence des choses
Tu lui donnes ce qui nous manque
si tu pouvais tu lui donnerais tes mots
mais il n’en a pas besoin Taureau
qui renaît de ses cendres
Taureau
et qui toise l’arène comme un Dieu
Il nous faut toujours reprendre
le fil de cette histoire
se raccorder aux séquences émouvantes
faire le montage d’après photos
le monde est une bande dessinée
on récite on gomme on oublie
où les vignettes sont un peu usées
et les héros mythiques qui
avec nous chantaient
Where are all the flowers gone ?
Mais où sont-ils, mais où sont-ils passés ?