ETOILES
le 13 août 1966
Je réclame la vie éternelle pour les persécutés de toutes
catégories
Pour ceux qui ont vomi à l’aurore parce que les putains
ne voulaient pas de leurs corps
Pour ceux qui avaient compris qu’ils étaient incomplets
Je réclame une vie éternelle dans les parfums et la volupté
du corps débarrassé de ses secousses et du sexe
Ou alors, si l’on ne pouvait nous bâtir qu’un enfer pour
cette vie éternelle
Que l’on y suce jusqu’à la fin des temps le sexe laiteux de
toutes les créatures féminines végétales et femmes
Je réclame la vie éternelle pour mon corps inachevé
Et pour moi
Car il va falloir un jour que je m’arrête de courir
Et j’ai peur de m’écrouler dans un précipice (- Ange!)
Boiteux et géant
(Je suis peut-être gluant à l’intérieur !)
Moi qui d’ange vais devenir Dieu
Te fais déesse, te fais reine
De l’univers qui se resserre en une boule de matière
illimitée
Dans l’éternuement des forces invisibles
Dans l’écrasement
Je réclame un sommeil qui me brûle comme le soleil, nu
Qui propage la brûlure le long de nos deux corps
Frémissements
Tu t’appelles Elisabeth mais que m’importe ton nom : tu
es la bouche unique que je n’ai pas besoin de nommer
ô Chine ô fruit léger glissant glacé rage baiser
Et qui est au centre, au fond, au fond
De notre solitude
LA NUIT PARLE
La vie éternelle est un de nos regards de glace brûlante
lorsque les scorpions s’arrêtent de tourner
Autour du nombril des courtisanes
Et brûlent
D’une flamme silencieuse d’aube dépassée
Et la nuit devient alors très noire
Avec des violons au bout de nos doigts
Qui se promènent sur notre peau
Les fourmis du Dieu Eros
Comme une plume d’oiseau Eros
- Les Dieux deviennent des oiseaux
On ira aux îles Galapagos (c’est là qu’est le temple du Dieu
Eros)
Mais quel est ce sang qui racle ma gorge avec des bulles
de savon, glissant comme la pluie tiède
Alors que j’ai plus que jamais envie de vivre
Plus que jamais envie de partir
Plus que jamais envie de m’empoisonner d’un rêve...
Je te donnerai tout ce que je t’ai promis
Mais j’ai peur qu’à un coin de rue
On ne me descende d’une balle perdue
LA NUIT NE PARLERA PLUS
Je réclame la vie éternelle pour les objets, et les arbres
et ceux qui auraient pu être de grands poètes, et
celles qui auraient pu être de grandes amantes
Fragiles
Je déchiffrerai pour toi les chiffres des enchanteurs-Merlin
Je déchiffrerai pour toi la musique et la couleur d’une
forêt d’éternité et de givre, de soleil et de fougères,
DES FOUGERES GEANTES !
Ce sera alors le paradis
Le-Pa-Ra-Dis
Sans la nuit, rien qu’un matin très frais, perpétuellement
Avec pour lit et pour repos, les ruisseaux, et comme
vêtements
L’amour
Je réclame la vie éternelle pour ceux qui ont sacrifié leur
vie à vivre sur terre l’éternité, les saints
Je t’adore dans l’encens et l’électricité
De mes doigts et ma langue titubant sur tes pieds huilés
Poème écrit en 1966 et paru dans "Kamikaze Galapagos" chez Seghers en 1967
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