Sur l’encre noire de la mer
mon esprit vogue
dans une bouteille
mon corps aussi
malmené
mon cœur encore amarré
aux arbres vénérables de mon enfance
aux paroles utiles
des parents
sur les terrasses du soleil
près de la mer
on met du sel
sur les mensonges
on creuse avec les mains
dans le sable
on chercherait l’espoir
d’un coquillage
d’une seiche
d’un mollusque vivant
On se parle
à soi même
on éloigne le temps
pourtant quand on saigne le soleil
les pêcheurs aux corps immenses
rentrent en silence
hâlant leurs barques sur la grève
La mer épaisse
comme de l’huile
étale ses rouleaux
sur le pain sec de la terree
en reprend
autant qu’elle en laisse
Elle ne leur offre aucun répit
La mer près de laquelle
je vis
qui me regarde
depuis son gouffre de vagues
avec son œil de cendres
Près de la mer
on croit aux bienfaits des voyages
que la vie est un voyage
et la mort aussi
Je suis la bouteille à la mer
mon coeur a brisé ses amarres
mes parents ne me sont plus utiles
mon corps est dans l’encre noire
leurs larmes se perdent
au fond de l’océan
La photo a été prise (sans doute par Christian Varlet) sur le toit de la cité radieuse (l'immeuble du Fada) de lLe Corbusier, à Marseille. Ce doit être lors d'une parolade ave Christian Gorelli, Raymond Boni et Claude Tchamitchian.J'ai fait une photo de la photo et j'ai obtenu ce contrejour ! Le poème lui est plus récent et a été publié par les Cahiers de la rue Ventura, revue sabolienne, animée par Claude Cailleau et son équipe.