Un jour on meurt
emportant avec soi
les beaux étés tous les automnes aussi
on abondonne aux souvenirs
tous ses amours
qui demeurent
comme des fantômes
dans nos chambres dans les cafés
où l’on se donnait rendez-vous
et la mer lèche nos paroles
tracées inconsciemment sur le sable
Le soleil est un ami si doux
qu’il nous accompagne jusqu’au seuil de la tombe
éclairant la petite troupe
assemblée autour du gouffre
qui s’ouvre maintenant
comme l’œil qui nous regardait
depuis le début
Alors on peut visionner
la cassette vidéo de notre naissance
que nos parents si heureux
avaient faite avec l’autorisation de la clinique
et qu’on regardera désormais les yeux clos
allongé au fond de la terre
Quelle carrière le temps fit dans nos veines !
Cela dura combien, 30, 50, 75 ans
et combien de cigaretes grillées,
Combien de nuits à rester en éveil
combien d’aiguilles et de secondes
dans legoutte à goutte du sang ?
Et combien de regards portés au ciel
combien de mots prononcés
et de gestes
pour dire, faire et pleurer l’amour ?
La vie commeun long fil tendu
au dessus du vide
le funambule s’élance
la foule retient son souffle
quand il avance
glissant comme un danseur
Il est fier chaque pas compte
et chacun le regarde
et aime le danger
qu’il convoque et qu’il dompte
Ce soir je suis assis
le dos comtre le monde
et je compte les jours
je compte les jours qui comptent
Et je retiens la vie
qui m’aimait même quand
je ne l’aimais pas
Quand je posais ma tête contre le ciel
la pluie frappant mon cœur
autant que les pavés
Ce soir je suis assis le dos contre le monde
et lemonde m’écoute
pour une fois
ma querelle n’est pas vaine
et je lui parle enfin